Posée entre une mère adoptive terrorisée par ce qui pourrait arriver à Camille, son "cher petit" et un mari que l'on a choisi pour elle, dont la seule ambition est d'être employé de bureau aux chemins de fer d'Orléans, Thérèse ne vit pas sa vie. Elle se contente de la regarder couler comme le flot d'anonymes qui empruntent le passage où se cache la mercerie qu'elle tient avec Madame Raquin.
Ses journées sont à l'image de ce qu'ont été les premières années de sa vie. Mornes, désœuvrées, sans joie.
Thérèse est une enfant recueillie par une femme douce et généreuse, qui n'a d'autre préoccupation que le bien-être de son fils, Camille. Ce dernier est souffrant depuis son premier cri. D'enfant fiévreux et malingre, il devient adulte blafard et valétudinaire. Quoi de mieux pour s'occuper de son présent qu'une mère attentionnée et de son futur qu'une épouse toute trouvée... Thérèse.
Mais voilà, lorsque Camille rêve d'occuper un bureau dans l'administration, Thérèse rêve de campagne et de liberté.
Aux chemins de fer, Camille ne va pas seulement y trouver un emploi, mais aussi un ami, Laurent.
Fils de paysan, renié par son père, Laurent ne veut qu'une chose dans la vie. Ne rien faire et profiter des moments que lui offre sa paresse.
Lorsque qu'il passe la porte de la mercerie, sur l'invitation de Camille, Laurent arrive dans la vie de Thérèse comme une locomotive.
Très vite ces deux êtres deviennent amants et rêvent de liberté.
Très vite s'impose à eux, comme rempart aux velléités de bonheur fantasmé, le mari.
Très vite la solution à leur problème prend vie... Le tuer.
Dans ce roman, Emile Zola nous fait, une fois de plus, partager le quotidien de ceux qui ont composé la société du 19ème siècle. Dès les premières lignes, nous partons à la découverte de ce qu'était la vie lorsque les véhicules hippomobiles sillonnaient les rues de Paris. Rapidement l'on s'installe aux côtés de Thérèse, percevons la lourdeur de sa vie et comprenons ses désirs de liberté.
A travers ce texte, Emile Zola nous permet de vivre avec ces héros, non seulement la naissance d'une passion mais aussi, celle du remords qui va consumer les protagonistes de l'odieux forfait.
Zola reste Zola. Il ne lui appartient pas de se glisser dans nos lectures, mais de nous attirer à lui lorsque le moment est venu pour nous de venir à sa rencontre.
Y.R